On parle souvent de ces petits corps célestes évoluant à quelques milliers d’années-lumière de nous. Mais, bien avant cela, avant de les observer dansant dans le ciel, comment ces astres ont-ils pu être décelés ? Notre médiateur en astronomie revient sur l’histoire de la découverte des comètes.

Qu’est-ce qu’une comète ?

Tout d’abord, quelques explications. Une comète est un astre le plus souvent en orbite autour du Soleil (il arrive que des comètes soient éjectées de leur Système solaire, et en traverse brièvement d’autres). Elles peuvent être à courte ou longue période, c’est-à-dire repasser près du Soleil toutes les quelques dizaines d’années, ou bien, toutes les quelques dizaines de milliers d’années. Les comètes les plus lointaines proviendraient du nuage d’Oort, sorte de réservoir de corps gelés situé aux confins du Système solaire.

Ce sont des astres de quelques kilomètres de diamètre, composés de roches et de glaces. En s’approchant du Soleil, la glace se sublime, créant une chevelure autour du noyau. Et, c’est en se déplaçant dans l’espace que la comète « sème » ce gaz, et les poussières qu’il a libéré donnent naissance à une gigantesque queue qu’elle laisse derrière elle. Celle-ci pouvant atteindre plusieurs millions de kilomètres de longueur.

Il peut y avoir également une deuxième queue qui apparaît, souvent colorée en bleu, la queue ionique. Cette dernière est directement causée par notre étoile. Elle est toujours orientée à l’opposé du Soleil, car les vents solaires, sorte de petites billes microscopiques (en réalité principalement des protons et électrons) émises par le Soleil, repoussent le gaz de la queue.

Photographie au téléobjectif de la comète Hale Bopp

Comète C/1995 O1 Hale-Bopp. la queue de poussière s'étend vers la droite, tandis que la queue ionique bleue, brillante et bien séparée, pointe directement à l'opposé du Soleil.

ESO/E. Slawik

À l’époque ancienne

Les plus anciennes traces d’observation de comètes datent d’il y a environ 3 000 ans, mais bien d’autres comètes ont probablement été observées avant.

Les plus vieux dessins ont été réalisés par les astronomes chinois et retrouvés dans le « Livre de Soie ». Ils sont le fruit de plus de 500 ans d’observation, et ont permis, par exemple, de découvrir que la fameuse comète de Halley, dont nous parlerons plus loin, n’avait pas une période fixe, mais que celle-ci variait probablement de quelques années.

À l’époque, les astronomes voyaient les comètes… quand elles arrivaient. Ils n’avaient aucun moyen de prédire leur apparition, d’autant que celles-ci n’étaient pas prévues. En effet, on ne connaissait pas le caractère périodique que peuvent avoir certaines comètes. Les hypothèses sur leur nature étaient variées, allant de bûches pour alimenter le feu du Soleil, jusqu’à des phénomènes atmosphériques.

Certains scientifiques ou philosophes avaient cependant de bonnes intuitions et pensaient que les comètes étaient des astres errants (soit des planètes) mais rarement observables, avec des périodes de retour beaucoup plus longues que l’espérance de vie humaine.

Cependant, toutes les civilisations se sont accordées sur un point, les comètes étaient des présages. Parfois de bons augures, plus souvent de mauvais, elles étaient tantôt annonciatrices de guerres, tantôt de catastrophes naturelles.

Au cours du 16e siècle, les comètes deviennent définitivement des astres (errants). Les astronomes observent que leur queue est toujours opposée au Soleil, signe qu’elle est influencée par les vents solaires. D’autres astronomes, notamment Tycho Brahe, mesurent la distance des comètes, et montrent qu’elles sont bien des phénomènes se déroulant plus loin que la Lune.

La plus grande avancée va être réalisée par Edmond Halley (son nom doit vous rappeler quelque-chose…), astronome et mathématicien anglais. En s’appuyant sur les lois de la gravitation, énoncées quelques années avant par son compatriote Newton, il prédit le retour de la comète de 1682, pour l’année 1758. Halley mourra en 1742, mais la comète sera bien observée. C’est alors le triomphe de la gravitation de Newton permettant ainsi d’expliquer que les comètes observées en 1531, 1607 et 1682 étaient un seul et même astre.

On peut alors prédire le retour des comètes, mais pas l’apparition de nouvelles.

Un des chercheurs de comètes le plus connu est Charles Messier, non pas pour ses découvertes de comètes (vingt exemplaires à son actif), mais pour son catalogue de nébuleuses. En 1758, alors qu’il recherche la comète de Halley au télescope, il trouve une petite tache flou dans la constellation du Taureau. Il s’attend alors à l’observer à une position légèrement décalée dans les jours suivants, mais se rend compte que l’astre n’a pas bougé. Il comprend alors que cette tâche est une nébuleuse, sans en comprendre sa véritable nature. Aujourd’hui, on sait qu’il s’agit du reste d’une supernova observée par les chinois en 1054.

Il se lance alors dans le recensement des taches floues mais n’étant pas des comètes, afin d’éviter les fausses découvertes. Son « Catalogue des nébuleuses et des amas d’étoiles », plus connu sous le nom de Catalogue de Messier, publié en 1771, est familier des astronomes amateurs, car il regroupe des objets assez lumineux pour être observés avec un instrument amateur.

Extrait du

Extrait du "Livre de Soie" - Musée provincial du Hunan

Public domain, Wikimedia Commons

La recherche aujourd’hui

De nos jours, les astronomes ne cherchent plus les comètes eux-mêmes, l’œil posé à l’oculaire en scrutant le ciel.

Plusieurs instruments, spécialisés dans la surveillance du ciel, existent. Ils prennent régulièrement en photo les mêmes zones du ciel, et des comparaisons automatiques permettent de mettre en évidence les astres ayant bougé entre deux prises. Les plus connus de ces instruments sont Pan-STARRS ou ATLAS, spécialisés dans la recherche d’astéroïdes géocroiseurs, qui sont donc parfaitement en capacité de découvrir des comètes.

L’Observatoire Vera Rubin, situé au Chili et entré en service au début de l’été 2025, devrait également permettre de découvrir de nouvelles comètes.

Les astronomes amateurs ont également un rôle à jouer. C’est d’ailleurs deux d’entre eux qui ont découvert, à l’œil, une des comètes les plus connues de ces dernières décennies, Hale Bopp.
Alan Hale cherchait spécifiquement de son côté des comètes. Après plusieurs centaines d’heures de recherches infructueuses, il est tombé sur une petite tache floue, dans la constellation du Sagittaire, non répertoriée sur ses cartes.
L’histoire de Thomas Bopp est plus originale, puisqu’il ne possédait pas de télescope. Participant à une soirée d’observation avec des amis, il note cette petite tache floue lorsque c’est son tour d’observer à l’oculaire. Il vérifie alors sur ses cartes, et se rend compte, comme Hale, qu’il n’y a pas de nébuleuses répertoriées dans ce coin du ciel.

C’est ainsi qu’une des comètes les plus observées de l’histoire a été découverte par deux observateurs néophytes.
Aujourd’hui encore, ces derniers jouent un rôle essentiel, même si cela s’avère assez anecdotique. On peut, par exemple, citer le suisse Michel Ory, ayant découvert plus de 250 astéroïdes et autres comètes.

Alors, avis à tous les amateurs de ciel étoilé, mettez toutes les chances de votre côté en préparant au mieux votre prochaine soirée d’observation et qui sait… peut-être que la future comète découverte portera votre nom ?

Comète ATLAS prise depuis l'observatoire Paranal de l'ESO au Chili.

La comète C/2024 G3 (ATLAS) prise par Yuri Beletsky depuis l'observatoire Paranal de l'ESO au Chili.

Y. Beletsky (LCO)/ESO