Nous avons imaginé avec l’Université de Nîmes une Soirée Cult’ sur la Casa de Papel en compagnie d’experts en droit, en génétique et en psychologie et avons testé un format spécial : un faux procès d’El Profesor (le professeur), le cerveau des braquages de la série ! Un moyen original pour faire découvrir au public quelques rouages du fonctionnement de la justice et d’une cour d’assises. Retour sur son organisation…

Au cours des Soirées Cult’, nous proposons au public de courtes interventions d’experts et des sessions de jeux. Le format habituel des interventions est la diffusion de courts extraits de l’œuvre en question suivie du décryptage du spécialiste. Nous aimons beaucoup tester de nouveaux formats et, proposer un faux procès nous trottait depuis un petit moment dans la tête. Alors, lorsque Yannick Martiquet, directeur de la recherche, de l’innovation et des études doctorales à l’Université de Nîmes, nous a proposé de parler de droit en organisant un faux procès du professeur avec des étudiants de l’association du Master Droit Public des Affaires Locales qui en ont déjà eu l’expérience, nous étions aux anges !

Le choix du faux procès est intéressant car cela permet d’impliquer et d’immerger les participants, via une forme théâtralisée.

La préparation du procès

Il faut d’abord bien définir comment est jugé le type d’affaire que l’on veut traiter. Le procès d’un personnage comme le professeur est forcément en cour d’assises, car elle juge les personnes accusées de crime, de tentative ou de complicité de crime (meurtre, viol, vol à main armée…). Ensuite, il faut définir quels rôles devront être incarnés pendant le procès.

De notre côté nous avons prévu :

  1. Une cour d’assises composée de juges et de jurés, avec normalement, 3 juges (1 président et 2 assesseurs qui sont magistrats professionnels) et 6 jurés. Dans notre cas, nous n’avions qu’un seul juge et président et le public comme jurés. Le juge et président a été incarné par Maître Sylvie Josserand, avocate et maître de conférences en droit privé à l’Université de Nîmes.
  2. Un accusé. Il a été interprété par le Professeur Gustavo Cerqueira, maître de conférences en gestion à l’Université de Nîmes.
  3. Un expert en criminalistique. C’est le généticien et Professeur à l’Université de Nîmes Christian Siatka qui a joué ce rôle.
  4. Un avocat défendant l’accusé et un avocat général (corps de magistrats représentant les intérêts de la société devant la cour d’appel, la cour d’assises et la cour de cassation représentant le ministère public). Ils ont été incarnés par Médina Saïdi et Dylan El Mestari, tous deux étudiants en 2ème année de licence en droit.

Il manquait dans notre cas un greffier et un huissier d’audience. Dans certains procès, il peut aussi y avoir une partie civile (la ou les victimes) avec son avocat.

Ensuite, il faut identifier les faits reprochés à l’accusé et identifier les articles de loi qui encadrent ces faits pour que la personne qui incarne le rôle de président puisse rédiger l’acte d’accusation.

Le déroulé du procès d’El Profesor

Les simulations de procès réalisés par des étudiants en droit lors de formation durent généralement de nombreuses heures. Dans notre cas, en raison d’un temps réduit à 50 minutes, nous avons décidé de proposer seulement quelques moments clés d’un procès en cour d’assises.

Et, pour garder de la cohérence et de la fluidité, des temps d’explication et d’interaction avec le public entre chaque scène du procès. Cela a permis de résumer ce qui normalement doit se passer et préciser si certains éléments du faux procès ne collent pas totalement à la réalité. Ce dernier point est très important car l’objectif est de décrypter le vrai du faux.

Faux procès et mise en scène lors d'une soirée cult' avec des experts en psychologie

Voici le déroulé imaginé :

  1. Explication du contexte de l’arrestation du professeur
  2. 1ère scène : lecture de l’acte d’accusation par la présidente
    Explication de la suite du procès avec les questions à l’accusé
  3. 2ème scène : l’accusé entre et il est déféré
    Le public est sollicité avec une question quiz pour mettre en avant un aspect du procès
  4. 3ème scène : l’accusé est interrogé par la présidente puis l’avocat général et l’avocat de la défense
    Le public est à nouveau sollicité avec une question quiz pour mettre en avant un aspect du procès
  5. 4ème scène : un expert en criminalistique est interrogé par la présidente puis l’avocat général et l’avocat de la défense
    Précision sur la partie expertise
  6. 5ème scène : les plaidoiries de l’avocat général et de l’avocat de la défense
    Délibérations et sollicitation du public
    Décision des jurés incarnés par le public
  7. 6ème et dernière scène : délibération de la présidente
  8. Échanges avec le public

De manière générale, le procès s’est très bien passé car toutes les personnes impliquées ont bien joué leur rôle. Cela a permis d’avoir une réelle immersion pour le public. Ainsi que des moments d’échanges d’anthologie entre l’accusé et la présidente notamment. Le temps nous a cependant manqué donc nous avons été contraints de réduire un peu les moments d’échanges avec le public.

Faux procès lors d'une soirée cult' organisée par Instant Science

Un expert en criminalistique pour amener d’autres connaissances scientifiques

Un expert devant une cour d’assises est une personne qui apporte un avis technique sur certains points précis. Nous avons décidé de faire intervenir un expert en criminalistique. Le public a pu découvrir quelques notions en génétique. Mais aussi le type de prélèvements biologiques qui peuvent être réalisés sur une scène de crime, les méthodes d’analyse et leurs valeurs juridiques.

Au-delà du fonctionnement de la justice, l’expertise a donc été une opportunité pour parler de notions d’autres domaines.

Des plaidoiries réalisées par deux étudiants

Pour trouver les deux étudiants qui ont incarné les avocats, l’association du Master Droit Public des Affaires Locales a fait un appel sur leurs réseaux sociaux. Les étudiants en droit sont en général partants pour ce type d’exercice. Car les faux procès sont une réelle opportunité pour eux de s’entraîner.

Même si les deux étudiants ont proposé deux belles plaidoiries, le public a dû trancher et a décidé de juger le professeur — contre toute attente 🙂 — non coupable !

Pour finir quelques ingrédients indispensables pour un vrai faux procès

  • Une préparation, au préalable, avec un déroulé écrit dans les grandes lignes
  • Une place à l’improvisation pour que le procès soit plus authentique
  • Des personnes qui n’hésitent pas à jouer le jeu, tout en faisant preuve de pédagogie