Cette année, Instant Science a été sélectionné pour participer au dispositif d’Éducation Artistique et Culturel “Passeport pour l’Art” mis en place par la Mairie de Toulouse et Toulouse Métropole.

Ce parcours a pour objectif de favoriser l’accès aux arts et à la culture pour les élèves de la Grande Section au CM2. Pour cette année 2021-2022, nous avons proposé un parcours sur la thématique de l’eau. Et plus particulièrement sur “le petit cycle de l’eau”, également appelé le cycle de l’eau domestique. Trois classes de CM1-CM2 de la métropole toulousaine ont rejoint le projet et nous avons co-construit avec les enseignantes référentes quatre séances pour chaque classe sur plusieurs mois. Les trois écoles concernées ont été : l’école Germaine Tillion, l’école Fleurance et l’école Bayard Matabiau.

“Passeport pour l’Art”, qu’est–ce que c’est ? Le parcours a pour objectif de donner lieu, à la fin de l’année, à une création artistique réalisée par les élèves. Notre idée a donc consisté à faire découvrir la démarche scientifique aux jeunes et à montrer toute la pluridisciplinarité des sciences. Les sciences sont aussi complémentaires aux arts. Nous avons développé cette idée en réalisant une œuvre en lien avec le sujet scientifique du parcours : l’eau.

Comment parler d’un sujet assez commun, l’eau, de façon originale et variée sur 4 séances ?

La réponse est assez simple : diversifier les formats d’animation. Mélangez une séance d’expériences et de jeux pédagogiques, une séance d’escape game, une rencontre avec une chercheuse et enfin une séance créative. Vous aurez un parcours pédagogique varié, riche et permettant à chaque élève de trouver sa place.

Première séance : médiation

La première séance a permis d’introduire la thématique par le biais de différentes activités et supports. Nous avons pu aborder de nombreuses notions comme :  C’est quoi l’eau ? Où la trouve-t-on ? Quelle est sa répartition sur Terre ? Comment fonctionne le grand cycle de l’eau ? Et le petit cycle de l’eau ? D’où vient l’eau du robinet ? Les élèves ont même pu goûter différentes eaux comme l’eau minérale, l’eau du robinet et attester de leurs différences. Ils ont ainsi appris que l’eau du robinet est une eau qui correspond à une liste de critères précis. La seule différence avec l’eau de source est qu’elle reçoit des traitements pour devenir potable tandis que l’eau de source l’est naturellement.

L’eau minérale est quant à elle beaucoup plus concentrée en minéraux et ne peut donc recevoir le label d’eau potable. De plus, nous avons pu aborder les questions de pollution et d’éco-gestes à réaliser au quotidien pour économiser l’eau. Notamment grâce à un jeu créé par Antoine, chargé de mission service civique au sein de l’association. Les élèves avaient pour objectif de placer sur une infographie la quantité d’eau consommée pour une douche, un bain, un lavage de dents, une lessive. Ils se sont ainsi rendus compte que lorsqu’ils tirent la chasse d’eau, ils peuvent consommer jusqu’à 10 litres d’eau.

Deuxième séance : escape game

Pour la deuxième séance, les classes ont pu jouer à un escape game installé dans leur propre établissement : l’escape game Goutte que goutte. Nous l’avons conçu avec Eau de Toulouse Métropole. Les joueurs ont incarné des stagiaires du service de production de l’eau potable pour toutes les communes de Toulouse Métropole. Mais alors qu’ils se retrouvent seuls dans le centre de contrôle, ils lancent par erreur l’arrêt des système. Toutes les usines vont s’arrêter de fonctionner et l’eau ne coulera plus des robinets. Ils ont 60 minutes pour réactiver le fonctionnement des systèmes. Cet escape game pédagogique permet d’aborder de nombreux éléments sur le petit cycle de l’eau. Il permet aussi de mener des expériences en quasi-autonomie à l’aide de dispositifs de filtration et de décantation par exemple. Les messages pédagogiques sont nombreux : d’où vient l’eau potable ? Où circule-t-elle ? Quels sont les éco-gestes à adopter pour sa consommation d’eau ? Où vont les eaux usées ?

 

Cette séance s’est réalisée en demi-groupes afin que tout le monde puisse participer et être actif dans le jeu. De plus, l’escape game est séparé en trois parcours différents ce qui nous a permis de faire trois groupes d’élèves pour chaque partie. Cela nous a aussi permis d’attribuer un maître du jeu à chaque groupe (il faut du coup anticiper la présence de trois médiateurs ou médiatrices). L’escape game a ainsi été installé la veille de l’intervention au sein des écoles dans des salles réservées. Il nous a fallu entre une et deux heures d’installation selon les écoles. Le jour J, trois heures d’animation ont été nécessaires afin que tous les jeunes puissent jouer confortablement et qu’on puisse bien debriefer par la suite.

Troisième séance : rencontre avec des chercheuses

La troisième séance a consisté à rencontrer une chercheuse (un grand merci à Yolaine Bessières de l’INSA/TBI et à Claire Albasi du CNRS). Cette séance, attendue impatiemment par les jeunes, a permis de faire découvrir le métier d’enseignante chercheuse aux élèves. Ils ont aussi réalisé une expérience avec du véritable matériel de laboratoire.

Les élèves ont ainsi pu s’exercer à la démarche scientifique grâce à une expérience de floculation qui consiste à rassembler sous forme de flocons des particules d’une solution colloïdale.

Les chercheuses intervenantes, travaillant sur les procédés de traitement des eaux, ont pu expliquer et leur faire appliquer une étape du petit cycle de l’eau : la décantation de l’eau prélevée dans la Garonne à l’usine de traitement. Les chercheuses ont également mené des recherches sur les quartiers des différentes écoles. Elles ont ainsi pu apprendre aux élèves d’où venait l’eau de leurs robinets (eau de la Garonne ? eau du lac de La Ramée ?). Ils ont aussi regardé le nombre de canalisations qui se trouvent sous leurs pieds (plus de 3000 km !) en habitant à Toulouse. Les encadrants ont encouragé tout au long de cette séance travail d’équipe et collaboration et les élèves ont brillamment relevé le défi !

Enfin, la dernière séance : la séance de création.

A l’heure de ce billet, nous ne l’avons pas encore réalisée avec les classes mais de belles choses se préparent : maquette du petit cycle de l’eau avec des matériaux de récupération et des déchets, jeu de société, fresque à exposer dans l’école… Affaire à suivre !

Un escape game à destination des cycles 3, ça fonctionne ?

Dans un escape game, les joueurs doivent travailler en équipe, communiquer en permanence et bien s’organiser entre eux. Ce sont des compétences que les CM1/CM2 sont encore en train d’acquérir à l’école et à la maison. Ce n’est donc pas forcément simple de réaliser un escape game avec cette tranche d’âge. Le maître du jeu doit davantage encadrer les joueurs par rapport à un groupe d’adolescents ou d’adultes. Concrètement, cela signifie augmenter le nombre d’interventions pour donner des indices et pour les guider. Ces interruptions servent aussi à donner des consignes pour la manipulation des expériences par exemple. C’est un escape game un peu adapté mais ce qui est certain, c’est que les élèves et le maître du jeu s’amusent beaucoup !

Comment construire une intervention avec un.e professionnel.le de la recherche à destination des jeunes entre 8 et 10 ans ?

La première étape dans la construction de cette séance a été de contacter et de rencontrer les chercheuses partantes pour le projet. Cette rencontre a été cruciale car elle a permis de leur faire comprendre le projet, les objectifs et les attentes des enseignantes. Les intervenantes nous ont ensuite fait des propositions d’activités. Les enseignantes ont pu choisir ce qu’elles préféraient aborder. Enfin, un rendez-vous préparatif entre les intervenantes. La médiatrice a été programmé pour mettre au point le déroulé de la séance et les aspects logistiques (transport, matériel etc).

 

 

La diversification des formats est encore la clef d’une intervention réussie. Pour cette séance, une répartition en créneaux de 30 minutes pour chaque activité nous a semblé idéale. 30 minutes d’introduction et de présentation de la démarche scientifique, 30 minutes d’expérience et d’observation des résultats.

Enfin, 30 minutes sur l’eau dans la ville et dans leurs quartiers. Ce dernier temps a également été consacré aux questions des élèves pour l’intervenante : “Pourquoi il y a une forte odeur quand on passe à côté des stations d’épuration ?”, “Combien avons-nous de châteaux d’eau à Toulouse ?”,  “Mais vous êtes connue vous madame ?”.

De plus, adapter son discours avec des référentiels qu’ils comprennent est primordial. Par exemple, l’équivalent d’une cinquantaine de piscines olympiques est traité chaque jour dans les stations de traitement des eaux à Toulouse (ce qui équivaut à 125 000 mètres cubes). Autre exemple pour comparer le prix de l’eau du robinet et de l’eau en bouteille. Pour 1000L, l’eau du robinet coûte l’équivalent de 5 cartes pokémon alors que l’eau en bouteille en vaut 143 !

Pour la préparation de cette séance, une rencontre entre les intervenantes et les enseignantes aurait été optimale mais cela n’est pas toujours évident à planifier. Un suivi et une mise en lien régulière est donc nécessaire à mon sens.

Pour conclure, voici quelques petites astuces  pour un parcours pédagogique réussi :

  • Ne pas hésiter à prendre du temps en première séance pour introduire le sujet. Surtout pour s’informer des connaissances des élèves sur le sujet et ainsi adapter son discours et les activités qui vont suivre.
  • Il est important d’arriver à consacrer des activités en petits groupes. Certains moments sont propices à la réflexion générale en classe entière mais d’autres comme la manipulation, l’expérimentation et le jeu sont beaucoup plus agréables pour les jeunes et pour le médiateur/médiatrice lorsqu’ils sont réalisés en petit effectif. C’est pour cela qu’une implication de l’enseignante est primordiale afin de gérer d’autres activités en parallèle (ou alors prévoir plusieurs médiateurs et médiatrices).
  • Être à l’écoute des attentes des enseignant.es et être adaptable est essentiel afin d’avoir des classes impliquées, volontaires et qui ont envie de vous voir revenir !

Et en bonus, quelques pépites d’élèves en observant les résultats de l’expérience :

“Oh on dirait de la mie de pain

– Mais non, c’est du parmesan !”

Médiateurs et médiatrices gastronomes, à vous de jouer !