En janvier dernier, Julie vous annonçait la conception d’une exposition sur le son et la musique en partenariat avec Octopus, fédération régionale de musiques actuelles.  Aujourd’hui ça y est, les tests des premiers dispositifs ont été réalisés ! Clémentine, qui est en mission de médiation autour de cette exposition, nous propose un premier bilan d’expérience !

Premiers tests dans le cadre du parcours Peace and Lobe

Pour ces tests, nous intervenons dans le cadre de la quatrième rencontre du parcours Peace and Lobe, porté par Octopus au niveau de la région Occitanie. Peace and Lobe, quesako ? Un projet d’une année scolaire, à destination des classes de troisième, afin de sensibiliser les élèves au son et aux risques auditifs. Le parcours consiste en différentes étapes : un concert, puis plusieurs rencontres avec musiciens, acousticiens ou autres professionnels du son qui interviennent dans les collèges. Pour finir, les élèves préparent ensemble un projet qui sera présenté aux autres participants de leur académie en fin d’année scolaire. Notre objectif avec Octopus est de concevoir une exposition qui pourra ensuite s’intégrer dans le parcours Peace and Lobe.

Alors ce vendredi 30 mars 2018, le temps est froid et je ressens un peu d’appréhension… Quels vont être les retours des 60 élèves de troisième qui vont aujourd’hui tester les trois premiers dispositifs de l’exposition sur le son et la musique ? En une heure, il s’agit de réussir à re-mobiliser les connaissances des élèves sur la physique du son, leur faire tester les trois dispositifs et collecter leurs avis.

Mais avant tout, la première étape consiste à installer les dispositifs dans la salle du collège mise à notre disposition. La table tactile dans un coin de la salle, la cloche à vide dans un autre coin, avec sa pompe et son générateur basse fréquence, et pour finir, tout le matériel nécessaire au dispositif de « l’échelle impossible » dans un troisième coin (les enceintes, l’ampli, l’ordinateur).

À peine le temps de vérifier les branchements que les premiers élèves sont déjà là. C’est parti !

Le son : ça vous parle ?

Et on commence par un petit jeu pour comprendre la propagation d’une onde sonore. Nous l’avions la veille testé au bureau avec les collègues et cela avait bien fonctionné. Mais avec les ados, je m’attends à tout ! Je leur demande de se mettre à la file indienne derrière Julie, qui sera l’obstacle. Eux mimeront des molécules de l’air. Quant à moi, à l’arrière, je serai la source sonore. Un haut-parleur en quelques sortes. En exerçant avec ma main une légère pression sur le dos du dernier élève de la file, je mime une pression acoustique. L’énergie va se transmettre d’élève en élève, qui seront bousculés de proche en proche jusqu’à l’obstacle. L’onde sonore est arrêtée.

 

Quels sont les phénomènes illustrés par l’expérience ?

Les élèves me les citent, un à un :

  • les molécules de l’air ne se déplacent pas mais transmettent de l’énergie aux suivantes par contact,
  • le son est une onde,
  • l’énergie est dissipée petit à petit,
  • un obstacle peut arrêter une onde sonore,
  • le son ne se véhicule pas de manière instantanée, un certain temps est nécessaire à sa propagation,
  • le son a besoin de molécules, et donc de matière pour pouvoir se propager.

Pas de son sans matière

C’est clair, ils ont compris l’essentiel ! Ce qui me permet d’aborder la première phase de test : la cloche à vide. Le principe est simple : en aspirant avec une pompe l’air présent sous une cloche en verre, le son d’un haut-parleur situé sous cette cloche ne nous parvient plus.

Pourquoi ? En l’absence de molécules, et donc de matière, l’énergie de l’onde sonore ne peut plus se propager. Les élèves le comprennent bien et sont même capables d’expliquer pourquoi on entend encore un tout petit peu le son émis par le haut-parleur. Le vide sous la cloche n’est pas parfait, et donc le son peut se propager grâce aux quelques molécules d’air encore présentes. L’expérience est concluante : il ne reste plus qu’à rendre le dispositif autonome !

Après cette phase de test, on aborde ensemble la notion de fréquence du son. Cette fois encore, on va l’expérimenter ! J’actionne un métronome sur mon téléphone. Ce sera notre temps de référence. Et puis c’est parti, on claque des doigts ensemble. Tout d’abord une fois pour chaque battement. Ensuite on claque deux fois pour chaque battement : la fréquence est doublée. Puis quatre fois… La notion de fréquence est ainsi amenée en douceur. Les sons aigus sont les sons de hautes fréquences, et les sons graves, ceux de basses fréquences. On aborde en plus les notions d’ultrasons, d’infrasons ou encore d’anatomie de l’oreille.

Les décibels : pas si simple !

C’est au tour des décibels d’être passés au crible. Le décibel est l’unité relative à l’intensité sonore, et donc au volume du son. Selon vous, quelle est l’intensité sonore de deux guitares, jouant chacune à 70 dB ?

140 dB ? Et bien pas du tout. Attention aux idées reçues ! En fait, l’échelle des décibels est logarithmique. Autrement dit, à chaque fois qu’on double l’intensité sonore, on ajoute « seulement » 3 dB. Donc ici, on obtiendra 73 dB. A vous maintenant ! Quel résultat on obtiendrait avec quatre guitares à 70 dB ? Allez, je vous le souffle : 76 dB.

Après cette gymnastique mathématique, les élèves comprennent bien que cette échelle est trompeuse : quand on double l’intensité sonore, on peut soit passer de deux à quatre guitares, soit de 15 à 30 guitares. Mais pour les deux cas, on augmente seulement de 3 dB. On comprend mieux pourquoi le niveau sonore seuil de danger pour les oreilles est de 85 dB, alors qu’une conversation se rapproche de 60 dB. Même s’il n’y a pas beaucoup d’écart entre ces deux valeurs, le niveau sonore a en fait été multiplié par 256 !

Tests en autonomie des dispositifs

Une fois qu’ils ont appréhendé toutes ces notions, c’est au tour des élèves d’entrer vraiment en action… presque sans moi. Je leur demande de se diviser en deux groupes de 6 ou 7 et de tester successivement les deux dispositifs suivants, pendant une dizaine de minutes, et puis d’intervertir. Laissez-moi vous les présenter :

Un jeu multijoueurs permet aux élèves de découvrir l’histoire de la musique sous forme ludique. Nonobstant quelques termes compliqués pour eux et quelques consignes à éclaircir, leurs retours sont unanimes : ce jeu les a convaincus par son aspect ludique, participatif et pédagogique. Certains auraient d’ailleurs bien aimé rester un peu plus pour refaire une partie !

Enfin, l’échelle impossible. Après avoir présenté aux élèves sonomètre et appareil de mesure des décibels –  à ce sujet, permettez-moi d’être d’accord avec eux, cet appareil devrait vraiment s’appeler un décibelmètre ! Ce serait bien plus logique ! – je leur propose un petit jeu. Je leur demande d’écouter attentivement quatre extraits sonores, et de les classer chacun du plus fort au moins fort. Verdict : aucun d’eux n’a le même classement… Car oui, c’était en fait un piège ! Tous les sons entendus étaient de même intensité sonore ! Une manière ludique d’appréhender que la perception du son est subjective, et donc très personnelle. Et souvent, les sons agréables paraîtront moins forts. Le message passe, les élèves feront dorénavant plus attention au niveau sonore de leur baladeur. Bien sûr, sans se priver de musique !

Bilan de cette première session de test

Positif ! Le format passe bien auprès des élèves. J’ai le sentiment de leur avoir apporté un petit quelque chose en plus. De plus, ça me booste pour la suite ! Et pour finir avec une bonne nouvelle : ça y’est, l’exposition est programmée ! Elle sera présentée à l’espace EDF Bazacle à partir du mois d’octobre 2018… Nous, on a hâte !