Quand une crise énergétique se révèle bénéfique. Décryptage en images du recul de la pollution lumineuse sur nos territoires.

 

Quand la nuit disparaît…

Cela fait plus de 40 ans que les astronomes ont commencé à alerter sur la disparition du ciel étoilé à cause de l’éclairage public.

Il y a près de 25 ans, l’ANPCEN (association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturne) était créée, avec pour but de sensibiliser le public aux conséquences de l’éclairage nocturne.

Aujourd’hui, les chiffres sont éloquents :

  • 83 % de la population mondiale est impactée par la pollution lumineuse et 36 % de cette même population n’est plus en mesure d’observer la Voie lactée.
  • En France, la pollution lumineuse a augmenté de 94 % ces 25 dernières années.

Des enjeux aussi nombreux que vitaux

Mais la pollution lumineuse ne concerne pas uniquement la disparition du ciel étoilé. Ses conséquences préjudiciables sont beaucoup plus étendues : elles sont environnementales, écologiques et économiques.

Désormais, on sait que la faune et la flore sont perturbées par cet éclairage, que ce soit au niveau de la perte de repères pour certaines espèces, de la modification de leurs déplacements ou de leur reproduction, sans compter l’impact sur la pollinisation nocturne de certaines plantes.

Des incidences non négligeables, lorsqu’on sait que 64 % des invertébrés (qui représentent 90 % des espèces vivantes sur Terre) sont nocturnes. Et depuis quelques années, on commence à mettre en évidence les effets néfastes de la lumière sur la santé humaine et la production de la mélatonine. Une hormone surtout connue comme hormone du sommeil, mais dont le rôle s’étend bien au-delà des rythmes chronobiologiques, puisqu’elle régule également notre système immunitaire.

Une lueur d’espoir !

Depuis le début de la guerre en Ukraine, dont l’une des conséquences est l’envolée du coût de l’énergie, nous voyons le concept de sobriété énergétique prendre de plus en plus d’ampleur. Une sobriété traduite par un véritable progrès au niveau de la pollution lumineuse. Désormais, de plus en plus de communes, pour des questions budgétaires, ont décidé de pratiquer l’extinction de leur éclairage public.

C’est une très bonne nouvelle ! En effet, il s’agit d’un non sens d’éclairer toute la nuit des petites communes où personne ne se promène dans les rues et où cet éclairage n’a donc aucune utilité à partir d’une certaine heure. Et croire qu’il y a moins de cambriolages chez les privés, d’agressions, ou plus d’accidents dans les zones non éclairées est simplement une idée reçue.

comparatif pollution lumineuse

© Hadrien Dupuis pour le Pic du Midi

Depuis l’observatoire astronomique du Pic du Midi, vue avant / après l'extinction de l'éclairage public

Ces deux photos “avant / après” prises depuis l’observatoire astronomique du Pic du Midi, illustrent bien cette notion de sobriété et le retour de la nuit sur de nombreux territoires.

La photo d’en haut est prise en début de soirée et celle d’en bas en seconde partie de nuit. Entre les deux photos, des centaines de lampadaires se sont éteints.

On constate que désormais 60 % des communes des Hautes-Pyrénées éteignent entre 23h et 6h.

Le Pic du Midi est au cœur de la première Réserve Internationale de Ciel Étoilé (RICE) de France. Grâce à cette extinction, il a récupéré une qualité de ciel étoilé équivalente à celle des années 60 ! De quoi redonner vie à nos espoirs et à la nuit…

Sensibiliser petits et grands

De la maternelle à la 6ème, Instant Science met à disposition des établissements scolaires d’Occitanie un kit pédagogique en accès libre et gratuit pour aborder les thèmes de la nuit et de la pollution lumineuse. Son contenu peut facilement être étendu à des élèves de collège et lycée, ou même au grand public.

Une exposition panneaux “Autour de la nuit” a également été conçue afin d’en apprendre plus sur le monde fascinant de la nuit et savoir ainsi comment le préserver au mieux.

Au travers d’animations, veillées d’observation etc. nos animateurs interviennent régulièrement afin de sensibiliser petits et grands, scolaires et grand public, aux enjeux de la préservation du ciel et de l’environnement nocturne.