Voilà deux ans que Science Animation parcourt l’Occitanie avec le Propulseur, notre semi-remorque itinérante, qui pourrait d’ailleurs rappeler le camion de Fred et Jamy. Une tournée riche en rebondissements qui, à l’origine, avait pour vocation de faire découvrir l’univers des Fab Labs sur le territoire. Aller à la rencontre des citoyens et leur offrir une porte d’entrée vers le monde des Fab Labs. Une mission que nous avons pris à bras le corps et qui nous a emmenés bien au-delà des frontières initiales. Aujourd’hui la tournée s’achève, et on fait le point en vous partageant les réussites et les ratés a posteriori. En bref, on fait le bilan !

Le Propulseur c’est un superbe projet initié en 2012, avec une phase mémorable de concertation pour attirer tous les publics, hiver comme été. Nous voulions donner envie d’entrer et de faire oublier que nous sommes dans un “camion”. Trois années plus tard, le Propulseur est véritablement devenu un lieu de rencontres et d’échanges comme nous l’espérions. Mais aussi un lieu de sensibilisation en impliquant les visiteurs dans des ateliers participatifs.

Pour notre première tournée, nous avons eu la chance de bénéficier des financements alloués par le projet de la Région Occitanie (et soutenus par les Fonds FEDER), avec pour objectif de soutenir la création ou l’extension des FabLabs sur le territoire ex-Midi-Pyrénées. En effet, l’Occitanie étant labellisée première “Fab Région” de France, notre mission consistait à faire découvrir ces nouveaux lieux à tous types de publics. Une mission offrant un champ des possibles assez large pour nos actions de médiation ! En intervenant au-delà des frontières de la grande métropole, nous avions espoir d’éveiller l’intérêt de nouvelles communautés, en participant à la démocratisation des pratiques comme le Do It Yourself et l’Open source.

Le Propulseur, une porte d’entrée vers le monde du FabLab

C’est donc dans ce cadre que le Propulseur est parti à la conquête de ses premiers publics et que nous, équipe de médiateurs, de coordinateurs, de techniciens, de communicants, avons retroussé nos manches pour la mise en œuvre de ce beau projet.

Car, le Propulseur, c’est un bien notre arme secrète : 60m² une fois déployé, un habillage flashy, généralement stationné sur un emplacement central. C’est un bel appât pour attiser la curiosité des publics ! Il se fond aussi bien sur une place publique que sur le parvis d’une médiathèque ou au milieu des stands d’un festival. De jour, comme de nuit… Voyez plutôt.

Mais n’allez pas croire que ce gros poids lourd arbore ses belles couleurs uniquement pour se faire mousser. Bien au contraire ! Une fois à l’intérieur, voilà l’occasion de mettre en valeur les activités locales. Vous pourriez par exemple rencontrer le fab manager du FabLab de votre village (« Ah bon ! Il y a un FabLab à côté de chez moi ? »), feuilleter des prospectus sur le prochain événement de la cyberbase, découvrir les dernières recherches menées sur le campus de votre fac, co-créer une maquette du futur tiers-lieu de votre quartier, proposer des idées d’amélioration de votre ville, fabriquer un objet souvenir d’un événement, découvrir une nouvelle façon d’appréhender votre métier d’artisan, passer un moment agréable avec votre voisin, participer à une consultation citoyenne sur le projet d’écoquartier, tester les outils numériques… Et, surtout, réitérer cela au FabLab près de chez vous. Bref, la liste est aussi longue que le nombre d’escales effectuées.

Pour mieux connaître le Propulseur

Nous vous invitons à consulter son passeport, sa carte d’identité.

Date de naissance : 17-06-2016
Parent : Science Animation
Conducteur : Charles
Origine : Toulouse/Occitanie
Pays visités : Belgique, France
Surface : 60 m²
Capacité d’accueil max : 40 humains

Et sa feuille de route dans toute la région

Les lieux où s'est arrêté le Propulseur

Le bilan du Propulseur aujourd’hui

  • 45 étapes, et un peu plus si on compte celles hors tournée
  • 201 jours d’animation
  • Plus de 53 500 visiteurs

Une aventure, qu’on aimerait bien poursuivre, et pas que nous ! Plusieurs villes attendent patiemment qu’une nouvelle tournée soit mise en place…

45 étapes, ça s’organise !

Eh bien voilà, nous partions avec la mission, plutôt conséquente, de réaliser 45 étapes dans la région ! Au tout départ, nous avions quelques contacts pour amorcer la tournée autour de Toulouse ; et puis très vite, entre le bouche-à-oreille, la participation à des évènements, le réseau FedLab, nos associations partenaires dans les départements de la région… les demandes d’informations sur cette tournée ont commencé à affluer et le calendrier des étapes s’est rempli, pour notre plus grand bonheur. 🙂

« Pouvez-vous nous accompagner dans le lancement du nouveau Fab Lab en initiant la population et différents acteurs aux pratiques et intérêts d’un tel lieu ? »

« La ville organise une semaine sur le thème du développement durable, avec les écoles. Pensez-vous que le Propulseur pourrait permettre l’application des projets des élèves grâce aux outils Fab Lab ? »

« Nous aimerions aborder le thème de la démocratie participative autour de la question de la ville. Pourrait-on intégrer au programme une journée de réflexion avec les comités de quartier ? »

« Nous aimerions promouvoir les liens entre différents acteurs impliqués dans des Fab Labs (entreprises, associations, jeunes) et sensibiliser à la mutualisation des moyens et outils. Est-ce que le Propulseur est opportun ? »

« Nous voulons convaincre nos élus de développer un Fab Lab local, et montrer que le public est demandeur. Le Propulseur peut-il nous aider, en faisant un petit coup de projecteur ? »

Un bon point au passage, pour les étapes entrant dans le cadre de la tournée, la Région prenait en charge le coût des animations ; seul le coût du transport du Propulseur était donc à la charge de la structure organisatrice.

Voilà ! Demande validée sur le principe. Comment procède-t-on ensuite ? Chaque projet, chaque étape était unique. Et il fallait la construire de A à Z : les objectifs, résultats attendus, les valeurs, les acteurs à impliquer…

Crédit : Marielle Rossignol

Mais première chose à faire : s’assurer que le Propulseur puisse venir !

Eh oui, on ne positionne pas n’importe où un petit camion de 17,5 tonnes, 13.88 m de long et 5.50 m de large déployé ! Et il faut penser à l’accès handicapé, à avoir une bonne connexion internet, un branchement électrique avec la puissance nécessaire pour le fonctionnement général. Et trouver le bon emplacement, un endroit stratégique pour une grande visibilité.

Et c’est là que l’on brandissait notre outil favori : le bon vieux tableau récap !

  • Est-ce que tous les points précisés sur la fiche technique sont validés ? Check !
  • Le transport a bien été validé avec Charles, le conducteur ? Fait !
  • Les associations départementales ont été prévenues ? Oups, à faire !
  • Est-ce qu’on a bien reçu l’arrêté de stationnement et que des barrières seront bien positionnées ? Ok !
  • A-t-on les contacts des techniciens pour le jour de l’arrivée ? Check – A transmettre à Charles !
  • Tous les outils de communication (affiche, flyer, modèle de communiqué de presse, logos obligatoires…) ont bien été envoyés ? Fait !

Et pendant ce temps, œuvraient les médiateurs Sarah, Alain, Mélissa, Lucas et Nicolas, pour confectionner la programmation et les contenus des ateliers et animations avec les organisateurs.

Accueillir tous les curieux, pour notre plus grand bonheur

La vie d’un Propulseur, c’est des enfants, des adultes, des femmes, des hommes, des makers, des profs, des marchands, des hippies, des geeks, des rêveurs…
Chacun avec ses questions, ses doutes et ses espoirs.

Partager le gout du Do it Yourself aux scolaires

Les scolaires, du cycle 3 aux étudiants, étaient sans doute le public que nous avons le plus rencontré lors d’ateliers, allant de 1h à 3h. Nous avons donc développé trois ateliers “piliers”, chacun associé à une machine-outil du Fab Lab, et à l’issue desquels la classe pouvait repartir avec une ou deux créations assez simples. Nous les modifiions légèrement afin de nous adapter au niveau, au nombre et aux objectifs pédagogiques.

Sur les photos : un atelier à la découpe laser pour créer un objet simple à graver et découper. Un atelier à l’imprimante 3D pour créer et imprimer un objet en 3D. Un atelier à la découpe vinyle pour créer son propre autocollant.

C’est à partir de ces animations de base que nous avons conçu les autres pour les adapter à une thématique suggérée par un enseignant ou l’organisme d’accueil. À chaque nouvelle étape, le défi était de trouver de nouvelles idées de création. Et pour vous donner une idée de nos brainstormings récurrents, voici un échantillon des thèmes suggérés pendant la tournée.

  • Nature en ville
  • Développement durable
  • Première Guerre mondiale
  • Innovation au collège
  • Objets volants
  • Biomimétisme
  • Découverte scientifique
  • Jeu en ville

Il y aurait quelque chose à raconter pour chacune des thématiques citées et autant de création à vous montrer. D’un point de vue de la médiation, le FabLab est extrêmement riche puisque chaque réalisation peut être prétexte pour parler de nombreux sujets scientifiques et techniques.

Un exemple pour parler de biodiversité

La fabrication d’un nichoir à oiseaux était l’occasion d’évoquer l’érosion de la biodiversité induite par les constructions urbaines, de parler aussi des traitements biologiques de la chenille processionnaire par la mésange charbonnière, et d’échanger sur la place de la nature en ville. La création du planeur en balsa était généralement précédée d’un échange théorique sur les propriétés de vol et les caractéristiques du planeur. La fabrication manuelle de l’assemblage et des tests en vol est très complémentaire de la fabrication numérique.
La création du jeu de société sur l’innovation était un très bon support mêlant logique et créativité un peu déjantée. Le projet était d’autant plus valorisé que les élèves ont pu y jouer avec leurs parents en fin de journée.

Et si les fabrications nécessitent une grande part de conception numérique, elles incluent aussi une partie manuelle qui est complémentaire et permet de varier les plaisir du Do it Yourself.

Accompagner les habitants vers la fabrication en autonomie

Il faut le reconnaître, nous étions généralement bien reçus par les habitants du coin qui revenaient nous voir régulièrement tout au long du séjour. Les uns venaient avec leurs propres matériaux à customiser avec la découpe laser. D’autres avec un fichier à imprimer qu’ils avaient dessiné eux-mêmes à partir des logiciels que nous avions conseillés. Certains ramenaient des amis ou leurs familles pour créer ensemble.

Les temps d’ouverture au “tout public” étaient très diversifiés, puisque chacun venait avec des profils très différents, seul, en groupe, en famille, entre amis, jeunes et moins jeunes… et des bagages différents en matière de numérique. Notre rôle était donc d’accueillir tous types de demande, et parfois, les visiteurs eux-mêmes ne savaient pas ce qu’ils cherchaient. Nous étions par ailleurs souvent accompagnés des Fabmanagers locaux, venus présenter leur Fab Lab et ses valeurs. Car notre objectif restait avant tout de créer des liens avec les tiers-lieux existants, et donner envie au public d’y aller le plus souvent possible.

Crédit : Marielle Rossignol

Prototypa et autonomie

Les outils permettant un prototypage rapide réalisable soi-même, il s’agissait aussi d’accompagner les publics vers l’autonomie. Pour que chacun se sente capable et confiant s’il souhaite recommencer l’expérience seul en FabLab ou chez soi par exemple. C’est dans cette logique que nous avons conçu des fiches tutoriels, notamment pour la prise en main d’outils simples (et non dangereux !).

Des fiches qui se sont avérées très pratiques quand le Propulseur était à son maximum de capacité d’accueil. Chacun pouvait créer et concevoir en autonomie partielle à l’aide de sa fiche, ce qui laissait la possibilité à un seul médiateur de pouvoir gérer plusieurs personnes en simultané.

Enfin, contrer la fracture numérique qu’il peut y avoir dans certains coins reculés ou avec les personnes du troisième âge faisait aussi partie de nos objectifs de médiation. Les médiateurs devaient pouvoir orienter les personnes vers un atelier adapté à leur niveau, donner des conseils à ceux qui avaient déjà des idées et encourager ceux qui pensaient que cela n’était pas fait pour eux, en proposant des ressources et des activités intergénérationnelles notamment.

Un tiers-lieu pour les professionnels

À chacune de nos étapes, nous avons tenté de solliciter les professionnels pour informer et fédérer au mieux. Artisans, artistes, acteurs culturels, élus, étudiants, entreprises… Généralement, nous les invitions à découvrir les pratiques Fab Lab encore trop méconnues alors qu’elles offrent un gros potentiel.

Crédit : Marielle Rossignol

Ces rencontres pouvaient prendre la forme d’un atelier de créativité, une présentation suivie d’un cours pratique, une co-création de maquettes d’un projet, etc. Plusieurs étudiants ont aussi investi le Propulseur pendant près d’une semaine pour leur projet professionnel. Ce fut le cas à Albi, où les étudiants ont travaillé sur le thème de l’autonomie alimentaire de la ville. Ils ont interviewé les habitants, prototypé leurs propositions et présenté leurs maquettes aux élus.

Des créations aussi variées que les profils rencontrés

Impossible d’immortaliser chacune des créations ! Faute de temps, nous sommes de très mauvais élèves en ce qui concerne la documentation des créations qui ont pu être faites à bord du Propulseur. Néanmoins, nous avons déjà créé les comptes de partage sur les plateformes Cult et Thingiverse. Promis, on essaiera de documenter un maximum de créations au plus vite !

Néanmoins nous allons très prochainement mettre en libre accès sur notre site (rubrique “Ressources”) l’intégralité des fiches tutoriels réalisées, pour ceux que cela intéresse.

Le Propulseur teste d’autres formats : le studio, ou « MédiaLab »

Si les animations du Propulseur dessinaient leur petite routine au travers des étapes, il n’était pas rare qu’il sorte des carcans habituels pour s’essayer à de nouveaux formats.

Exemple : une semaine de vacances scolaires avec 14 ados. On s’est dit que c’était l’occasion de tester la création d’une vidéo en stop motion de A à Z avec les outils du Fab Lab. Les jeunes ont imaginé l’histoire, créé les décors, effectué le tournage puis le montage. Un résultat modeste que nous pourrons sans doute optimiser, mais qui nous rappelle plein de bons souvenirs ! Évidemment, l’histoire parle de zombie qui sèment le chaos, mais étrangement, l’histoire se conclut par une météorite qui explose et remet tout en ordre. Dans la même idée est né le nanostudio, un dispositif pour concevoir de petits films en stop motion, une animation qui a l’avantage de réunir petits et grands.

Enfin, on a testé quelques formats MédiaLab, notamment au village des sciences d’ESOF ou encore à l’inauguration de la Halle Tropisme à Montpellier. Fond vert, logiciels de montage, smartphones… un petit studio en somme, pour créer des vidéos rapidement. Un format super intéressant, mais qui mériterait d’être testé avec les scolaires plutôt qu’en flux continu.

Et la suite alors ?

Les perspectives sont assez larges à vrai dire. Ces nombreuses expériences ont titillé l’envie de continuer l’aventure avec d’autres formats, mêlant Fab Lab et Studio.

On planche déjà sur des rencontres scientifiques-grand public, des projections en plein air, les mille façons de créer du lien entre un lieu culturel et les habitants d’une ville, engager des initiatives collaboratives… Les possibilités sont vastes avec un tel outil. Et on a hâte de repartir en tournée !

Ce projet est cofinancé par l’Union européenne. L’Europe s’engage avec le fonds européen de développement régional.