© Institut français de Casablanca

L’Institut français de Casablanca a souhaité développer le FabLab de leur médiathèque. Dans le cadre du festival « Demain Dès Aujourd’hui » organisé dans leurs locaux, l’institut a fait appel à l’expertise d’Instant Science pour les accompagner à l’animation d’ateliers de médiation numérique. Ce voyage a été financé par l’Institut français avec le soutien de la Région Occitanie. Récit de Lucas, notre médiateur scientifique, en terres marocaines.

J’avais deux missions durant ce séjour. La première était d’animer des ateliers de médiation numérique. La seconde était de former les membres de l’équipe de l’Institut français de Casablanca (IFC) à l’utilisation de leur imprimante 3D, et en complément, les former à l’animation d’ateliers associés à cet outil. Afin de profité de ma présence au Maroc, j’ai également animé des ateliers au sein de deux autres instituts français, l’un à El Jadida, l’autre à Marrakech.

Fresque de l'Institut français d'El Jadida - Journal de route d'un médiateur

Fresque sur l'un des murs de l'institut français d'El Jadida

Jour 1 – Premier jour d’atelier à Casablanca

Réveil 6h30. Le décalage horaire d’une heure m’a permis de me lever tôt sans trop de soucis. Au programme de la journée : animation d’ateliers de médiation numérique et formation des membres de l’équipe pédagogique travaillant à l’IFC. Un programme chargé qui ne laisse pas beaucoup de place aux soucis techniques.

L’IFC étant en plein cœur du festival Demain Dès Aujourd’hui (DDA), j’étais sûr de trouver les locaux ouverts dès 8 heures. Par habitude, nous prévoyons toujours quelques imprévus. Je souhaitais donc commencer mes tests sur l’imprimante 3D résine Photon Mono 4k avant le démarrage des ateliers.

À l’étage de la médiathèque, l’espace FabLab m’attendait prêt à accueillir les groupes de la journée.

Un fois les tests fait, les ateliers pouvaient commencer ! Il peut être compliqué pour des groupes scolaires de se déplacer. À l’IFC, comme partout ailleurs, il est possible d’avoir des annulations au dernier moment. Les équipes sur place étaient pleines de ressources, ils ont pu me dégoter un groupe pour la matinée. Nos ateliers sont construits de manière à pouvoir s’adapter assez rapidement aux situations que nous rencontrons sur le terrain. Il était donc assez facile de transformer un atelier de 2 heures en deux sessions de 45 minutes. Il est possible d’être frustré à ne pas aller aussi loin que prévu dans les concepts abordés. Cependant, dans ce cas de figure, cela restait possible de transmettre les messages principaux de l’atelier.

L’après-midi a été consacré à la formation des équipes de l’IFC. Leur objectif était de pouvoir utiliser l’imprimante 3D, pour ensuite animer les ateliers à leur tour.

Je n’ai pas encore décrit les ateliers que j’avais ramené dans mes valises pour ma semaine marocaine !

Le festival « Demain Dès Aujourd’hui » portait sur les questions de climat, d’environnement et de biodiversité. Chez Instant Science, nous disposons d’un atelier parfaitement en lien avec la thématique.

Cet atelier avait pour objet de développer la créativité des participants. Il consistait à les amener à imaginer des solutions pour réparer des objets cassés grâce à l’imprimante 3D du FabLab. L’objectif était de favoriser la réparation, au rachat de nouveaux objets encore utilisables.

Le second atelier a quant à lui été conçu spécialement pour cette occasion. Il portait sur la notion de biodiversité en se concentrant sur les oiseaux. Cela faisait longtemps que je cherchais le moment idéal pour monter cet atelier. C’était l’occasion rêvée !

Après avoir abordé et décrit le concept de biodiversité, puis insisté sur l’importance des oiseaux pour notre écosystème, la mission est donnée : concevoir une prothèse de bec pour oiseaux. La LPO de Clermont Ferrand utilise cette technique de soin pour faire du sur-mesure. Elle s’adapte ainsi à toutes les espèces d’oiseaux et toutes les blessures. Cet atelier a donc permis de faire découvrir la technologie de l’impression 3D dans le cadre d’un usage bénéfique à l’environnement.

Au-delà des ateliers et de l’utilisation de la machine, il était crucial de transmettre notre méthode d’animation durant les formations. Nos ateliers sont participatifs et ludiques. L’objectif était que les participants soient actifs dans leur apprentissage et s’amusent. Il fallait leur transmettre toutes les connaissances sans jamais faire l’atelier à leur place ! Et on peut dire que l’équipe de l’IFC a été réceptive. Durant la formation, les idées ont fusé pour exploiter au maximum l’impression 3D et ses possibilités de création. Certains avaient de grandes ambitions dès les premiers échanges.

L’après-midi s’est terminé avec la réalisation d’un badge portant la mention DDA (pour « Demain Dès Aujourd’hui »), dimensionné pour être facilement lisible et visible.

Une fois cette journée intense terminée, il me restait assez d’énergie pour un peu de tourisme et quelques kilomètres à pied…

Jour 2 – Seconde journée de modélisation 3D

La veille j’avais vérifié le matériel, j’ai donc commencé la journée sereinement. Les ateliers se sont enchaînés sans soucis, biodiversité le matin et défi réparation l’après-midi. Les participants étaient très très efficaces et motivés. Ils étaient même un peu frustrés de n’avoir qu’une seule imprimante à disposition.

Le temps d’impression étant extrêmement long et incompressible, il nous était impossible d’imprimer toutes les créations modélisées en 3D. On ne peut rien contre les lois physiques !

Lors de mon atelier de l’après-midi, je me suis heurté aux barrières de la langue. Au sein d’un groupe hétéroclite (lycéens, collégiens, particuliers), certains parlaient peu français. Il était donc difficile de communiquer toutes les consignes, ainsi que de déterminer si les messages pédagogiques étaient bien passés. Mais a l’issu de l’atelier, tout le monde est reparti avec le sourire, ce qui est un bon signe.

En parallèle, le festival DDA continuait à battre son plein. Un grand marché des associations m’a permis de rentrer en contact avec plusieurs structures menant des actions sur place. Le planning du festival étant très rempli. J’ai pu voir les équipes de l’IFC se donner à fond, rappelant énormément l’ambiance au bureau d’Instant Science. Projection de films, conférences, ateliers, les projets et idées fourmillaient. Mais il était déjà temps de préparer mon départ pour El Jadida.

Jour 3 – En route pour El Jadida

Deuxième étape du périple, El Jadida ! Après avoir traité quelques mails en suspens, fait mes valises, j’ai embarqué l’imprimante 3D dans le train et découvert de nouveaux paysages marocains.

Après 1h30 de trajet, je me retrouvais donc dans une nouvelle ville. J’ai été accueilli par une nouvelle équipe de l’Institut français, avec un nouveau logement et des nouveaux locaux à découvrir. Mais tout cela devrait attendre le lendemain. Après le trajet en train et l’enregistrement à l’hôtel, je n’avais qu’une seule envie : aller voir l’océan.

FabLab de la médiathèque de l'IFC - Lucas, notre médiateur, prépare son atelier

Jour 4 – Becs d’oiseaux et retours d’expérience des participants

Comme pour Casablanca, il était important pour moi de commencer la journée tôt. Le matériel avait été déposé à l’institut la veille, mais la salle demandait un peu de préparation et nous recevions un plus grand groupe d’élèves. La classe avait fait le déplacement pour l’atelier sur la biodiversité. Leur motivation était flagrante, et les accompagnatrices se sont montrées très intéressées.

Après une initiation à Tinkercad (logiciel de modélisation 3D), et une courte pause, la modélisation de becs d’oiseaux pouvait commencer. Nous avons ensuite fini par explorer le fonctionnement de l’imprimante 3D.

Avant de les laisser partir, j’ai pu leur demander un avis constructif sur l’atelier. Certains ont pu développer des arguments très pertinents que je garde en tête pour mes prochaines conceptions d’atelier. Par exemple, pour les initier à Tinkercad, je leur ai fait modéliser une maison qu’il fallait ensuite effacer. Cela n’a pas plus à tout le monde ! Les personnes voulaient garder leur création intacte.

L’après-midi étant libre, j’ai pu profiter de l’air marin. Comme un grand calme après l’orage de la ville de Casablanca, le temps semblait être suspendu à El Jadida. J’ai découvert l’ancienne cité portugaise d’El Jadida et m’entraîner à la négociation de tapis. La journée s’est tranquillement terminée par une session carte postale, pour envoyer un petit souvenir à l’équipe restée en France !

Jour 5 – En route pour la dernière étape

Nouvelle journée de voyage pour atteindre cette fois la dernière étape : Marrakech.

Je ne savais pas du tout à quoi ressemblait Marrakech. J’ai toujours refusé de me spoiler cette magnifique ville. Je n’avais entendu que du bien, j’avais donc hâte de voir ça de mes propres yeux. Tout comme à l’aéroport de Casablanca, on m’attendait à la gare de nouveau avec un panneau portant mon nom… Je ne m’y suis toujours pas habitué !

Après dix petites minutes de taxi, je suis arrivé à l’Institut français de Marrakech (IFM). Le cadre y était simplement magnifique. Le bâtiment principal de la médiathèque et du FabLab étaient logés au cœur d’un jardin, avec un théâtre à ciel ouvert juste à côté. On pouvait voir la montagne qui nous toise depuis la porte d’entrée de l’institut. J’étais loin d’être déçu par ce sublime cadre de travail. La journée n’était pas finie. Il me restait à tester la nouvelle imprimante qui serait mon outil pour les ateliers du lendemain, ainsi que les ordinateurs sur lesquels nous allions modéliser.

Une fois tout réglé, la fatigue des derniers jours a commencé à me rattraper. Il fallait cependant que je me dégourdisse les jambes. Suite à la bonne surprise de la vue depuis la terrasse de l’hôtel, j’ai pu finir la soirée accompagnée d’un délicieux thé à la menthe en tête à tête avec un chat.

La vue depuis le toit de l'hôtel - Lucas médiateur en voyage au Maroc

Jour 6 – Dernier jour d’atelier

Le temps s’est écoulé à une vitesse peu commune. Ce jour-là, le premier groupe accueilli était une classe de lycéens. J’ai été impressionné par leur efficacité et leur motivation. L’atelier réparation avait été choisi, et ils ont pu exprimer leur talent de dessinateurs avant de passer à la modélisation. Certains parlaient en anglais entre eux, juste pour s’amuser. Un groupe plein de surprise !

En échangeant avec leur professeur, il m’a indiqué que cet atelier permettait d’initier une partie du programme scolaire ce qui serait continuée dès la semaine suivante. Cette matinée s’intégrait dans leur cycle d’apprentissage, ce lui donnait une valeur encore plus forte que ce que j’avais imaginé.

Puis est venu le moment du tout dernier atelier de mon séjour. C’était aussi pour moi le plus mémorable et le plus intéressant. Un groupe de 25 jeunes est arrivé, alors que 18 participants étaient prévus à l’origine. La possibilité de laisser une partie de la classe à l’extérieur pour réaliser l’atelier biodiversité en 2 heures comme prévu m’a paru insoutenable. Nous avons donc adapté le contenu pour passer à deux ateliers d’uniquement 1 heure.

Parmi les participantes de l’atelier, certaines n’avaient jamais utilisé un ordinateur, ou vu une imprimante 3D. La médiation numérique était plus indispensable encore : permettre à tous et toutes de se sensibiliser à l’usage des technologies du numérique, peu importe les circonstances. Ce groupe présentait aussi des difficultés pour communiquer avec moi en français, un professeur faisait donc office de traducteur. Cela ne nous a pas découragés et nous avons pu aller tous et toutes ensemble au bout de l’atelier avec de bons souvenirs dans la tête.

Cette journée marquait la fin de ma semaine de travail au Maroc, et toute la pression est redescendue d’un coup. J’étais officiellement en vacances, ma tête et mon corps savaient qu’ils pouvaient se reposer !

Jour 7 – Fin d’un voyage très instructif

Avant de partir, il ne me restait qu’une matinée à occuper. Il fallait que je fasse une dernière visite avant de partir. Sous les bons conseils d’une personne, j’ai terminé mon voyage au jardin Majorelle. Ce lieu m’a apporté le calme nécessaire pour prendre du recul sur ma semaine passée au Maroc et organiser ma pensée pour rédiger ce journal de bord d’un médiateur.

Je remercie toutes les personnes de l’IFC qui se sont démenées pour me faire venir. Elles ont toujours trouvé des solutions à mes problèmes et elles ont largement contribué au bon déroulement de mon voyage marocain !

Les jardins des majorelle © Viault, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons - Lucas médiateur en voyage au Maroc

Le jardin Majorelle © Viault, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons