Rares sont les scientifiques, connus du grand et du très grand public. Hubert Reeves faisait partie de ceux-là. Était-ce dû à son immense talent de vulgarisateur ? A son accent si particulier ou à son physique qui correspondait à l’image que l’on a parfois du savant ? C’est probablement pour toutes ces raisons, que, depuis plus de 40 ans, il était une star à sa façon.

Mais il serait réducteur de le résumer ainsi. Hubert était également un homme caractérisé par sa simplicité, rempli d’humilité et attentif aux autres. Il était fasciné et avait beaucoup d’admiration pour la vie sous toutes ses formes. D’ailleurs, depuis plus de 20 ans, cette admiration et ce respect pour la vie, l’ont poussé à devenir un lanceur d’alertes et un militant sur l’état de notre planète.

Hubert avait aussi une vision de la science particulière. Il aimait rappeler que l’esprit scientifique et rationnel ne devait pas exclure la vision poétique de l’Univers. C’était un humaniste au sens profond du terme, dont la vision était pour moi résumée dans cette phrase qu’il citait régulièrement et qui me touche particulièrement :

L’humanité peut être éclairée par trois luminaires : le désir de comprendre le monde (la science), de l’embellir (l’art), et d’aider les êtres vivants à vivre (l’empathie).

Dans l’histoire de nos associations, Hubert Reeves a eu un rôle capital, puisqu’il fût le parrain de nos activités astronomiques durant plus de 30 ans. Au début des années 90, le Festival d’Astronomie de Fleurance est créé par Michel Cassé et Bruno Monflier. C’est Hubert qui fit la renommée du festival dès ses débuts et qui, finalement, permit d’en faire un évènement incontournable. Il en fut le plus fidèle des participants puisqu’il est venu à plus de 25 reprises. C’est aussi sous l’impulsion d’Hubert Reeves que furent créées les associations A Ciel Ouvert et la Ferme des Étoiles, dont il fut le parrain dès le début de l’aventure.

Colonie dans le cadre du festival avec des enfants faces à des médiateurs

Rencontre avec Hubert Reeves, parrain du festival d'astronomie

Hubert était aussi un formidable conteur et un passeur de connaissances scientifiques uniques. Il avait ce don de faire aimer la science et le ciel, en employant des mots simples, de rendre accessible la science, même auprès de personnes qui se disaient “hermétiques” au monde scientifique. J’ai toujours été surpris de voir des livres d’Hubert Reeves dans les bibliothèques de personnes plutôt littéraires.

Pour nous, dont le métier est de rendre accessible la science au plus grand nombre et d’aider à comprendre le monde, Hubert Reeves es,t en quelque sorte, un maître à penser.

Personnellement, je l’ai découvert à la télévision au début des années 80 alors que je commençais à m’intéresser à l’astronomie. A 13 ans, mes parents m’avaient offert  “Patience dans l’azur”. Et, même si à l’époque certaines notions me dépassaient, il m’a définitivement fait basculer dans le monde de l’astronomie. Et, lorsqu’il y a plus de 25 ans, j’ai décidé de faire de la vulgarisation de l’astronomie, mon métier, j’ai toujours gardé à l’esprit qu’il fallait être le plus simple, le plus clair et le plus précis possible, comme Hubert l’a toujours été. De faire, à ma façon, très modestement et sans aucune prétention, du Hubert Reeves. Je pense qu’il a eu une influence importante sur un certain nombre de personnes et qu’il a créé, non seulement des vocations de chercheurs, mais également de médiateurs scientifiques.

Au cours de ma vie, j’ai eu la chance de le côtoyer et de le rencontrer plusieurs fois. J’ai été touché et ému lorsqu’il y a près de 10 ans, il a accepté de préfacer l’un de mes livres, moi qui avais en partie découvert l’astronomie en lisant les siens.

Dans mon métier de médiateur scientifique, j’anime très souvent des classes de découvertes sur la thématique de l’astronomie, dont certaines à Malicorne, en Bourgogne, au pied de la ferme appartenant à Hubert Reeves. Lorsqu’il était chez lui, j’allais régulièrement le voir pour savoir s’il voulait venir quelques dizaines de minutes parler d’astronomie aux élèves, qui ne le connaissaient pas toujours. Jamais, il n’a refusé et il prenait toujours du plaisir à le faire, il était dans le partage.

Je me souviens d’une fois, où lorsque je suis allé le voir chez lui pour lui demander s’il avait envie de parler d’astronomie à des collégiens, il était en train de ramasser de l’herbe de tonte pour pailler ses arbres. Il a bien sûr accepté et à décidé de venir tout de suite, en bottes en caoutchouc, avec quelques petits brins d’herbe sèche dans la barbe. Quand, je lui ai dit que sa barbe était ornée de brins d’herbe, il m’a regardé avec ses yeux pétillants et il m’a dit “Ce n’est pas grave, ce n’est que de l’herbe” et il n’a pas cherché à les enlever. Pour moi, cette phrase et cette situation résument bien la simplicité et la modestie d’Hubert.

Ils nous a montré le chemin… nous sommes tous des poussières d’étoiles… l’équipe et les bénévoles d’Instant Science lui rendent hommage.