Comment mettre en avant les recherches autour des thématiques « mer et littoral » auprès du public ? C’est la question qui animait la quarantaine de participants présents au premier Forum « mer et littoral » du 30 novembre dernier au Barcarès, près de Perpignan. Un événement que nous avons co-organisé avec l’association Kimiyo dans le cadre du pôle Science(s) en Occitanie.

Rythmée par une table ronde le matin et la présentation d’initiatives l’après-midi, la journée a été l’occasion d’échanges entre acteurs d’horizons différents : essentiellement des médiateurs, des chercheurs, des acteurs du tourisme et des collectivités.

Un évènement accueilli par un Centre de recherche

Quoi de mieux que de se retrouver au bord de la Méditerranée pour parler de la mer et du littoral ? Le CREM (Centre de recherche sur les écosystèmes marins) est un centre de recherche de l’Université de Perpignan Via Domitia (UPVD) situé au Barcarès. Il centre ses travaux sur l’observation des populations de poissons face au changement climatique et à leur exploitation.

Philippe Lenfant est directeur du CREM. Il est conscient de l’importance de la médiation scientifique sur les thématiques à forts enjeux économiques et environnementaux comme la mer et le littoral. Il a donc chaleureusement accueilli le forum.

Une chercheuse engagée dans la médiation scientifique

La journée a été l’occasion de découvrir l’engagement. Mais aussi les projets grand public de Frédérique Carcaillet, maître de conférences au laboratoire MARBEC à Montpellier. Il travaille essentiellement sur les questions de biodiversité marine. Elle s’est depuis plusieurs années particulièrement intéressée au transfert des connaissances issues de la recherche vers le grand public et à la formation des étudiants à la médiation scientifique.


Une exposition sur des plantes aquatiques

Alors en poste à l’Université de Montpellier, Frédérique Carcaillet prend un CRCT (congé pour recherches ou conversions thématiques) d’un an pour passer une maîtrise en muséologie à l’Université de Montréal. De retour en France, elle développe plusieurs projets de médiation avec des étudiants. Et notamment une exposition de 100 m2 sur les zostères, des plantes aquatiques recouvrant les fonds marins et supports de nombreuses espèces. Elle en a eu l’idée suite à une intervention sur le bassin de Thau dans le cadre d’un programme de recherche sur les zostères. Ce dernier a notamment suscité beaucoup de questionnements de la part des locaux comme des touristes.

Également intervenante comme enseignante dans les domaines de la médiation/communication scientifique, la chercheuse a particulièrement impliqué ses étudiants dans la construction de l’exposition. Ils ont participé à la réalisation d’un ensemble de panneaux. Ainsi que des dispositifs ludiques, de plusieurs films en stop motion et d’un livret pédagogique.

Orientant ses recherches désormais sur la médiation scientifique, ses objectifs sont entre autres d’évaluer son exposition en collaboration avec le groupe Traces sur différents aspects : forme, fond, aspect pédagogique ou encore ce que le grand public a retenu de l’exposition.

Tourisme et science : un duo gagnant

Proposer de la médiation scientifique dans des lieux touristiques est l’occasion de toucher un public pas forcément habitué à aller à une exposition. Ou bien, peu familier de suivre des ateliers sur les sciences.

Les aquariums, une occasion de toucher un large public

L’aquarium du Grau-du-Roi, le Seaquarium, haut lieu touristique en Occitanie avec 355 000 visiteurs par an, a crée il y a un an et demi une association, l’Institut Marin. Leurs objectifs : participer à des projets de recherche en mettant à disposition des moyens techniques et humains (bateau, plongeur scientifique…) et développer des animations autour des sciences auprès des visiteurs de l’aquarium et des plagistes.

« On est dans un espace où on peut capter les visiteurs, capter leur attention » précise Pauline Constantin, chargée de projet. Dans un espace ludique autonome extérieur à l’aquarium, l’association propose au public et aux scolaires de venir s’informer et de découvrir l’environnement dans lequel ils vont se baigner 10 minutes après. Les animations sont centrées sur la découverte de ce qu’est un protocole scientifique et pourquoi des scientifiques s’interrogent sur certaines thématiques.

Attirer un public non captif

Pour toucher le public qui ne va pas à leur rencontre, l’Institut Marin propose des animations aux personnes qui patientent pour accéder à l’aquarium sur un temps court : environ 5 minutes. « Quand ils ressortent de l’aquarium, ils reviennent nous voir » constate Pauline Constantin. Une formule qu’expérimente également le Muséum de Toulouse avec les gens dans les files d’attente, en sortant des crânes par exemple.

L’association C’est ma nature a partagé également les difficultés à capter un public. Par exemple, comme les plagistes avec leur camion dédié à la sensibilisation, l’Aucèl. Le véhicule abrite divers outils pédagogiques pour discuter des enjeux environnementaux de la mer et du littoral. Initialement posté sur les parkings des plages, l’association a été forcée de constater qu’elle touchait peu de monde et de changer le lieu d’installation en visant principalement des festivals.

Se rapprocher des offices de tourisme

Le CPIE Bassin de Thau est un réseau ancré sur le territoire de Thau (Sète). Il a pour objectif la valorisation d’actions dans le domaine de l’environnement. Il réunit une quinzaine de structures d’horizons variés : éducation à l’environnement et au développement durable, formation, agriculture, conchyliculture (huître), pêche, sport (club de plongée)…

Pour toucher un nouveau public, la structure a notamment mis en place un partenariat avec les offices du tourisme de la communauté d’agglomération de Thau. A cette occasion, le CPIE propose via ses membres des animations sur des thématiques scientifiques au sens large pour les périodes estivales.

Laura Lecolle, responsable du pôle éducation à l’environnement de la structure, nous informe que la tendance actuelle en tourisme est de vivre une expérience. Un office de tourisme leur a récemment fait la demande d’une animation. Elle met alors le visiteur dans la peau d’un scientifique en utilisant une partie de protocoles de sciences participatives. Laura Lecolle constate qu’il y a un réel intérêt des sciences participatives. Notamment auprès du public et une demande de ce qui se passe dans le monde de la recherche.

Des collectivités territoriales à l’écoute des chercheurs et du public

Le Syndicat mixte RIVAGE Salses-Leucate, une initiative intercommunale, a en charge la gestion de l’étang de Salses-Leucate en veillant à la qualité de l’eau, la préservation de la biodiversité et des zones humides. Au-delà de la gestion administrative, la structure se place comme un observatoire et une interface privilégiée avec les chercheurs pour l’acquisition de données.

Laurence Fonbonne, responsable du syndicat, souligne que le travail collaboratif entre citoyens et équipes de recherche n’est pas toujours aisé. De manière générale, la définition de la problématique de recherche se fait facilement mais au fur et à mesure de l’avancée du projet, elle constate un éloignement des objectifs de départ. Pauline Constantin de l’Institut Marin fait le même constat lorsqu’elle a souhaité monter un programme de recherche qui impliquait le citoyen dès la définition de la problématique. Pour éviter ce constat, le CestMed, le Centre d’étude et de sauvegarde des Tortues Marines de Méditerranée au Grau-du-Roi, a décidé pour son projet de recherche-action participative avec des pêcheurs de Saintes-Maries-de-la-Mer de les voir environ 2 fois par semaine pour bien définir et suivre leurs attentes.

Côté actions grand public, le syndicat en réalise peu mais fait régulièrement appel à des associations d’éducation à l’environnement à l’échelle locale, départementale et régionale.

Place aux initiatives !

Cette partie du Forum a été l’occasion à quelques acteurs du territoire de disposer d’un espace d’expression afin de présenter leur projet et échanger sur leur démarche.

1 > ATI – LE MUSEE 3.0 • Dispositifs interactifs du Musée de l’Éphèbe / Hérault (34)
Le Musée de l’Ephèbe est le seul musée de France à être exclusivement consacré à l’archéologie sous-marine. Afin de redynamiser la muséographie, de s’adapter à la demande des usagers et d’apporter une meilleure visibilité de leurs collections, le musée met en place le projet « ATI – Le musée 3.0 », une scénographie multimédia dont les outils apporteront un éclairage moderne des objets et créeront une nouvelle interactivité entre le visiteur et le patrimoine archéologique sous-marin.

2 > L’EPAVE DE LA JEANNE-ELISABETH • Exposition du Musée de l’Éphèbe / Hérault (34)
La Jeanne-Elisabeth, un navire de commerce suédois, s’échoue au large de Palavas le 14 novembre 1755. Outils, instruments de navigation, armes, marchandises, effets personnels, documents d’archives… À travers la présentation de plusieurs centaines d’objets, l’exposition prévue fin 2019, invitera les visiteurs à remonter le fil de l’enquête et à se mettre dans les pas des archéologues et historiens, à la découverte des origines du navire et de ses marchandises, de la vie à son bord, de son naufrage, de son pillage suivi de l’intervention des douaniers et de la campagne de fouilles qui a permis, ces dix dernières années, de retrouver l’épave et ses collections exceptionnelles.


©Kimiyo

3 > CETAMER • Jeu de plateau par EcoOcéan Institut / Montpellier – Hérault (34)

Le jeu CETAMER a été conçu pour faire découvrir aux différents publics (grand public, scolaires…) les Cétacés et le milieu marin du Golfe du Lion, ainsi que les problématiques que l’on peut rencontrer lorsque faune sauvage et humains partagent un même espace. L’objectif de ce jeu est non seulement de donner envie aux élèves et au grand public de mieux connaître ces merveilleux animaux marins, mais aussi les inciter à réfléchir et à s’engager dans des actions visant à réduire les menaces qui pèsent sur eux et sur le milieu marin.


©Kimiyo

4 > CROC OCÉAN • Installation / Ateliers – Animations par la Muséum de Toulouse / Haute-Garonne (31)

« Croc océan » est une activité en accès libre présentée au Muséum de Toulouse lors de deux vacances estivales consécutives (2016 et 2017) à destination d’un public lecteur, de 7 à 107 ans. Dans un décor en lien avec la thématique, les visiteurs ont pu découvrir le milieu marin et le littoral de manière ludique à travers des ateliers, des jeux, des expérimentations et des observations. Il y a eu en outre des sessions « expérimentales » avec des algues bioluminescentes et des ateliers « arts plastiques » pour les moins de 6 ans.

©Kimiyo

5 > E-DÉBAT • Plateforme web par l’Université Paul Valéry / Montpellier – Hérault (34)

La participation citoyenne à large échelle sur des projets relatifs à l’aménagement du littoral est souvent partielle : soit les participants sont peu présents, soit les conditions de la participation ne sont pas réunies. La plateforme e-Débat a pour ambition de faciliter une meilleure implication des habitants dans les projets d’aménagement du littoral. Cette plateforme numérique se base sur une interface dédiée afin que les habitants puissent s’informer, comprendre les enjeux relatifs au littoral jusqu’à proposer des idées, des changements pour améliorer l’état de nos côtes.

©Kimiyo

6 > ENTRE LAGUNE ET LITTORAL, UNE RICHESSE BIOLOGIQUE LOCALE • Animation touristique par Kimiyo / Frontignan – Hérault (34)

La lagune et le littoral du bassin de Thau, entre terre et mer, ont permis l’apparition d’une très grande diversité biologique. À travers une balade “les pieds dans l’eau” et quelques épuisettes, le public se transforme en explorateur à la découverte de cet univers inconnu. Dans cette aventure, le médiateur accompagne le public dans sa démarche pour comprendre le vivant qui nous entoure par une approche scientifique : observation, description et classification. Ils découvrent ainsi les notions d’évolution, de sélection naturelle et de lien de parenté.

7 > RESEACLONS • Projet de sensibilisation par l’Institut Marin Seaquarium / Grau-du-Roi – Gard (30)

Le projet ReSeaclons a pour objectif d’étudier la mise en place d’une filière de collecte et de valorisation des déchets plastiques pêchés en mer grâce à l’engagement et aux actions quotidiennes de différents acteurs du Grau du Roi et de sa région : pêcheurs professionnels, associations, agents de la ville et du port de plaisance, communauté de communes Terre de Camargue… En parallèle, le projet donne lieu à une campagne d’informations et de sensibilisation auprès du public sur les plastiques marins et leurs impacts.

8 > STELLARIS • Projet / Plateforme par l’Institut Marin Seaquarium / Grau-du-Roi – Gard (30)

L’Institut Marin du Seaquarium, suite au programme STELLARIS, anime aujourd’hui la diffusion des connaissances acquises par les scientifiques de l’IFREMER sur les requins Peau Bleu en Méditerranée auprès d’un public large. Cette transmission s’opère à l’aide d’outils dynamiques qui permettent notamment de visualiser le suivi des requins sur une carte.

9 > LE SCIENCE TOUR DE LA MER ! • Sorties en mer et événementiel par les Petits Débrouillards Occitanie / Perpignan – Pyrénées Orientales (66)

Le Science Tour de la Mer est un projet de médiation scientifique destiné à sensibiliser les jeunes lycéens et le grand public à l’environnement maritime et littoral. Dans quatre lycées et quatre ports de la côté méditerranéenne occitane, les visiteurs découvriront les enjeux liés à la mer et au littoral à travers des expériences autour de l’eau notamment et des sorties en mer avec le Sea Explorer de Terre Marine.

10 > SENTINELLES DE LA MER OCCITANIE • Réseau de programmes de sciences participatives par le CPIE Bassin de Thau / Mèze – Hérault (34)

Sentinelles de la mer Occitanie – coordonné par le CPIE Bassin de Thau depuis sa création en 2015 – est un réseau qui réunit des porteurs de programmes de sciences participatives mer et littoral en région Occitanie. Le réseau propose aux citoyens de contribuer à la science et à la préservation des milieux, en participant à une quinzaine de programmes en mer, lagunes et littoral. Il permet ainsi de donner une meilleure visibilité aux programmes existants, d’optimiser les observations et de fédérer une véritable communauté d’observateurs au niveau régional.

©Kimiyo

11 > TSUNAMILAB • Plateforme / Atelier par l’Inria / Montpellier – Hérault (34)

TsunamiLab est une plateforme interactive pour la simulation et la visualisation de tsunamis à partir de modèles géophysiques. Elle permet au public de mieux comprendre les tsunamis à travers des expériences interactives dont le but est de susciter un intérêt pour la science. TsunamiLab est utilisable sur un écran circulaire permettant aux petits et aux grands d’interagir “à la main” avec le système et d’observer comment les vagues de tsunamis dans l’océan sont similaires à de petites ondulations sur un étang.

La suite…

Suite à cet événement riche d’échanges et de découvertes, une autre journée comme celle-ci sera organisée l’année prochaine sur une autre thématique dans le cadre du pôle Science(s) en Occitanie. Les objectifs sont les mêmes : faire rencontrer différents acteurs pour mieux se connaître favoriser l’émergence de nouveaux projets.