Il y a cinq ans, je me revois encore devant mes premiers « élèves », tremblante et peu confiante. Donner sa première formation est loin d’être chose facile. Devant nous, des participants aux attentes aussi diverses qu’exigeantes. Pour l’intervenant, chaque formation est une nouvelle remise en question. Et c’est bien cela le plus enrichissant.
Loin de moi l’idée de me positionner comme « experte en pédagogie », je me permets néanmoins de partager quelques conseils pour la mise en place de formations.

Préparation

  1. Réaliser une fiche synthétique

Première chose à faire : réaliser une fiche synthétique définissant la future formation. On y présente rapidement l’objectif de la formation, les compétences et acquis durant la formation, les pré-requis nécessaires, les besoins matériels, le nombre minimum et maximum de participants, la durée… Cette fiche va nous permettre d’entrevoir un déroulé de la séance.

  1. Prévenir les participants

Systématiquement, une semaine avant chaque séance, j’envoie un mail récapitulatif à tous les futurs participants avec : la date et l’horaire, le lieu et les moyens pour y accéder, le matériel qu’ils doivent absolument avoir (en précisant les logiciels, la connexion wifi…), le contenu de la formation… Et j’indique ce que ne proposera pas la formation ! Car chaque participant a ses propres attentes et imagine déjà le déroulé de la journée. J’écarte de suite les fausses idées et informe bien du niveau de la formation (pour débutants ou pour initiés).

 

  1. Proposer un fil rouge

Il peut être intéressant de construire un fil rouge tout au long de la séance, afin de permettre aux participants de comprendre votre raisonnement. Par exemple, dans mon cours « rédiger pour le web », j’explique chaque étape de la création de contenu en racontant la rédaction d’une fiche de présentation d’une exposition pour mon site web.

  1. Introduire et conclure

Je conserve toujours deux moments indispensables : celui d’ouverture, durant lequel je propose un brise-glace entre les participants ; et celui de conclusion qui me permet d’évaluer la séance via un questionnaire que je leur fais passer. Autre possibilité : terminer la séance par un acte d’engagement de la part de chaque participant. Chacun doit choisir un objectif personnel à atteindre d’ici un mois : avoir envoyé au moins un tweet, avoir lancé son blog…


Exemple de brise-glace : créer un réseau social en papier des participants

  1. Construire un déroulé qui conserve l’attention

Ce déroulé, je le construis du plus théorique et large au plus pratique et précis, en alternant présentations, exercices pratiques, débats et tests d’outils. Les « formés » aiment généralement finir sur du contenu très pratique les rendant plus opérationnels.

Dans son livre « Les 12 lois du cerveau », le neurobiologiste John Medina indique par ailleurs que la capacité d’attention maximum d’un étudiant en cours est de 10 minutes. Il faudra donc tenter de construire son déroulé avec des séquences de présentation de 10 minutes maximum. Ce billet très intéressant offre des pistes pour créer ces séquences : lancer une question qui suscite l’émotion, créer du suspense à la fin d’une séquence, proposer de discuter par binôme des derniers points vus…

Il faut aussi savoir que l’après-midi, les participants sont souvent beaucoup moins concentrés, fatigués de la matinée et du repas. Il ne faut pas hésiter à mettre à ce moment là des activités funs et dynamiques pour les motiver.

  1. Définir les objectifs des exercices pratiques

Pour construire une activité pratique, il faut d’abord se demander ce que l’on veut que les participants retiennent. Qu’ils développent leur répartie à l’oral ? Qu’ils puissent distinguer les bonnes des mauvaises pratiques sur les réseaux sociaux ? Qu’ils retiennent la structuration d’un article ?


Crédits : K. Aainsqatsi et PatrickHetu
Ensuite, il s’agit de créer des exercices qui répondent aux critères suivants : ludiques, collectifs, réalisables, enrichissants et bien exposés.

  1. Bien indiquer les consignes

La consigne doit en effet être claire, le rendu attendu et le temps imparti bien explicités.

 

  1. Proposer des activités de groupe

J’essaye le plus possible de proposer des activités par binôme ou petits groupes : tester un outil à deux, imaginer à plusieurs un projet, etc. C’est ce qui fonctionne le mieux, motive les participants et créé une dynamique de groupe très positive.

  1. Jouer la carte du ludique

Les exercices créatifs et ludiques fonctionnent par ailleurs très bien : jouer sur l’affrontement entre équipes, proposer un quiz collectif (je rêve d’avoir des buzzers !) ou un grand brainstorming pour imaginer des choses farfelues, analyser des cas drôles ou originaux, construire un projet qui suscite l’émotion ou le plaisir… La préparation de l’exercice autant que les échanges collectifs qui s’ensuivent n’en sont que plus sympathiques. Voici d’ailleurs plein d’idées de méthodologies pour construire un jeu d’apprentissage : jeux de Thiagi.

Et pourquoi pas (je ne l’ai pas encore testé, mais ça me dit bien…) aller jusqu’à « gamifier » votre formation en faisant gagner des points ou médailles aux participants au fur et à mesure de leur progression.

  1. Faire attention aux tours de table

C’est toujours une bonne chose d’en faire un en début de séance, pour que tout le monde s’exprime. Mais attention au timing. Car même 1 minute par participant, ça peut vite prendre du temps. Sans compter ceux qui dépassent le temps demandé… Il faut mieux privilégier un sondage à main levée et interroger quelques personnes.

  1. Prévoir d’éventuels ajustements

Il peut aussi être judicieux de prévoir des « plans B » : du contenu qu’il est possible de retirer, en cas de manque de temps ; et au contraire des petites séquences à ajouter (exercices, tests d’outils, discussions…) en cas de rabe.

Le Jour J

  1. Préparer la salle

Je prévois toujours un petit temps logistique : installation des chaises et tables, achat de friandises (bonbons = gens heureux), préparation du thé/café, mise en place d’une signalétique pour accéder à la salle, préparation et test du matériel informatique…

  1. Simplifier la tâche

J’utilise toujours un document partagé comme Framapad pour exemple pour fournir à mes élèves la liste des outils et références à regarder durant la séance. Ça évite qu’ils perdent du temps à les chercher continuellement.

  1. Répéter l’information

Il est nécessaire de réactiver la mémorisation d’un contenu pour que celui-ci reste plus longtemps en mémoire. Pour cela, il faut se répéter : mettre une diapo en fin de séquence pour redonner les points clés vus précédemment, proposer à un élève de partager ce qu’il a retenu, proposer un quiz sur ce qu’on vient de voir…

  1. Offrir des explications et non de simples compliments

Autre point qui peut sembler trivial, mais qui parfois peut être déstabilisant : il faut, en tant que formateur, être capable de rebondir et commenter les rendus des élèves. Car les élèves ne sont pas forcément en attente d’une tape dans le dos et d’un « c’est très bien, continu ». Ils attendent cela, mais surtout des conseils pour faire encore mieux. Ça peut être quelques conseils utiles que vous vous gardez sous le coude pour enrichir leur expérience. Par exemple, si je propose un exercice « Imaginez un planning éditorial pour tel évènement », je dois être en mesure de les orienter au mieux et de leur apporter des idées originales auxquelles ils n’avaient pas pensé. N’hésitez pas non plus à mettre quelques pièges dans vos activités, de manière à ce que certains tombent dedans. Vous serez là pour les relever et leur permettre ainsi de ne pas reproduire certaines erreurs (toujours dans la bienveillance, évidemment !). Par exemple, lorsque j’explique l’un des principes fondamentaux de l’écriture sur le web, celui de mettre les informations les plus importantes en début de texte, je propose par la suite un exercice de remise en forme d’un texte pour le web. Dans les derniers paragraphes est glissée une information très importante, mais qui peut vite passer inaperçue placée ainsi. Et j’attends de voir qui pensera à déplacer cette info en début de texte…

  1. Éviter de dire…

Ne jamais dire « On sait tous que… » ou « Vous devez sans doute savoir que… ». Car, non, tout le monde ne sait pas !

Et ensuite

  1. Proposer un suivi aux participants

J’envoie toujours un mail après la formation afin de remercier les participants, envoyer les supports de présentation, et proposer de les accompagner ou répondre à leurs futures questions si nécessaire.

  1. Se préparer à préparer

Et dernière chose importante à savoir : vous aurez beau réaliser des dizaines de fois la formation, il faudra toujours prévoir un temps de préparation, ne serait-ce que pour mettre à jour, adapter le contenu ou prendre en compte les remarques des dernières séances.

Et vous, quels sont vos petits trucs pour les formations ? 🙂